法語(yǔ)小說(shuō)閱讀:小東西下篇(11)
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2021-03-02 01:22
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摘要:
法語(yǔ)小說(shuō)閱讀:小東西下篇(11)
DEUXIEME PARTIE 續(xù)篇
Chapitre XI LE COEUR DE SUCRE 第十一章 糖心
Voila deux mois que Jacques est parti, et il n'est pas encore au moment de revenir. Mlle d'Hacqueville est morte. Le marquis, escorté de son secrétaire, promène son deuil par toute l'Italie, sans interrompre d'un seul jour la terrible dictée de ses mémoires, Jacques, surmené, trouve à peine le temps d'écrire à son frère quelques lignes datées de Rome, de Naples, de Pise, de Palerme. Mais, si le timbre de ces lettres varie souvent, leur texte ne change guère... “Travailles-tu ?... Comment vont les yeux noirs?... L'article de Gustave Planche a-t-il paru ?... Es-tu retourné chez Irma Borel?” A ces questions, toujours les mêmes, le petit Chose répond invariablement qu'il travaille beaucoup, que la vente du livre va très bien, les yeux noirs aussi ; qu'il n'a pas revu Irma Borel, ni entendu parler de Gustave Planche.
Qu'y a-t-il de vrai dans tout cela ?... Une dernière lettre, écrite par le petit Chose en une nuit de fièvre et de tempête, va nous l'apprendre.
“Monsieur Jacques Eyssette, à Pise.
“ Dimanche soir, 10 heures.
“Jacques, je t'ai menti. Depuis deux mois je ne fais que te mentir. Je t'écris que je travaille, et depuis deux mois mon écritoire est à sec. Je t'écris que la vente de mon livre va bien, et depuis deux mois on n'en a pas vendu un exemplaire. Je t'écris que je ne revois plus Irma Borel, et depuis deux mois je ne l'ai pas quittée. Quant aux yeux noirs, hélas !... Jacques, Jacques, pourquoi ne t'ai-je pas écouté ?
Pourquoi suis-je retourné chez cette femme ?
“ Tu avais raison, c'est une aventurière, rien de plus. D'abord, je la croyais intelligente. Ce n'est pas vrai, tout ce qu'elle dit lui vient de quelqu'un. Elle n'a pas de cervelle, pas d'entrailles. Elle est fourbe, elle est cynique, elle est méchante. Dans ses accès de colère, je l'ai vue rouer sa Négresse de coups de cravache, la jeter par terre, la trépigner. Avec cela, une femme forte, qui ne croit ni à Dieu ni au diable, mais qui accepte aveuglément les prédictions des somnambules et du marc de café, Quant à son talent de tragédienne, elle a beau prendre des le ons d'un avorton à bosse et passer toutes ses journées chez elle avec des boules élastiques dans la bouche, je suis s r qu'aucun théatre n'en voudra. Dans la vie privée, par exemple, c'est une fière comédienne.
“ Comment j'étais tombé dans les griffes de cette créature, moi qui aime tant ce qui est bon et ce qui est simple, je n'en sais vraiment rien, mon pauvre Jacques ; mais ce que je puis te jurer, c'est que je lui ai échappé et que maintenant tout est fini, fini, fini... Si tu savais comme j'étais lache et ce qu'elle faisait de moi !... Je lui avais raconté toute mon histoire : je lui parlais de toi, de notre mère, des yeux noirs. C'est à mourir de honte, je te dis,.. Je lui avais donné tout mon coeur, je lui avais livré toute ma vie ; mais de sa vie à elle, jamais elle n'avait rien voulu me livrer. Je ne sais pas qui elle est, je ne sais pas d'où elle vient. Un jour je lui ai demandé si elle avait été mariée, elle s'est mise à rire. Tu sais, cette petite cicatrice qu'elle a sur la lèvre, c'est un coup de couteau qu'elle a re u là-bas dans son pays, à Cuba. J'ai voulu savoir qui lui avait fait cela. Elle m'a répondu très simplement : “ Un Espagnol nommé Pacheco ”, et pas un mot de plus. C'est bête n'est-ce pas ? Est-ce que je le connais moi, ce Pacheco ? Est-ce qu'elle n'aurait pas d me donner quelques explications ?... Un coup de couteau, ce n'est pas naturel, que diable ! Mais voilà... les artistes qui l'entourent lui ont fait un renom de femme étrange, et elle tient à sa réputation... Oh ! ces artistes, mon cher, je les exècre. Si tu savais ces gens-là, à force de vivre avec des statues et des peintures, ils en arrivent à croire qu'il n'y a que cela au monde. Ils vous parlent toujours de forme, de ligne, de couleur, d'art grec, de Parthénon, de méplats, de masto des. Ils regardent votre nez, votre bras, votre menton. Ils cherchent si vous avez un type, du galbe, du caractère; mais de ce qui bat dans nos poitrines, de nos passions, de nos larmes, de nos angoisses, ils s'en soucient autant que d'une chèvre morte. Moi, ces bonnes gens ont trouvé que ma tête avait du caractère mais que ma poésie n'en avait pas du tout.
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